Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/08/2006

Rimbaud, la foi au poison et le scepticisme

Tiré de Rimbaud : des secrets pour changer la vie ? (à paraître) de Maurice Hénaud :

Rimbaud, la foi au poison et l'atroce scepticisme

(...)

Dans la seconde de ses Vies, Rimbaud écrit, en rappelant son passé :

"(...) et quelques noces où ma forte tête m'empêcha de monter au diapason des camarades. Je ne regrette pas ma vieille part de gaîté divine." Rimbaud évoque là des réuinons haschischines, et il ne regrette pas le plaisir et la joie qu'elles lui ont procurés. "L'air sobre de cette aigre campagne, explique-t-il, alimente fort activement mon atroce scepticisme." Rimbaud n'a plus foi au poison. L'air sobre de l'aigre campagne est un aliment pour son scepticisme, de même que le poison, je suppose, était un aliment pour son ivresse. Le scepticisme de Rimbaud "ne peut désormais être mis en oeuvre", c'est-à-dire qu'il ne peut plus donner naissance à une oeuvre littéraire. Le poète est "dévoué à un trouble nouveau", il est amoureux (voir La Chanson de Gaspard Hauser, dans Cellulairement, reprise dans Sagesse).

Mais si, dans cet état amoureux, Rimbaud attend de "devenir un très méchant fou", quel est ce "quelque chose comme la clef de l'amour" qu'au début du poème, il prétend avoir trouvé ? N'est-ce pas le "très pur amour" de Matinée d'ivresse, à propos duquel Rimbaud s'écrie : "Ô mon Bien ! ô mon Beau !" ? - "Inventeur bien autrement méritant que tous ceux qui l'ont précédé", Rimbaud est un "musicien" qui, grâce au poison, a créé - à son usage et, ensuite, à celui de quelques lecteurs - la fanfare qui l'a fait sortir de "l'ancienne inharmonie", et qui l'a introduit au Pays de la Beauté.

Que penser de ce secret analogue à la clef de l'amour ? C'est une clef du Pays des Rêves, sans doute, mais, comme le dit Baudelaire, "rêver magnifiquement n'est pas un don accordé à tous les hommes". Ce secret de Rimbaud ne changera apparemment pas la vie !

(...)

(Précisons que ces extraits d'articles ne sont que des extraits de brouillons non encore parvenus à leur état de chapitres définitifs. Nous ferons mieux, de manière plus précise et plus élégante, dans le texte que nous publierons dans nos numéros).

22:05 Publié dans Rimbaud | Lien permanent