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25/10/2006

Guerre, de Rimbaud, et conquête de l'inconnu

Extrait d'un chapitre à paraître de Maurice Hénaud (complété le 5 mars 2007):

Guerre : une Guerre pour la conquête de l'inconnu.

Dans Guerre, Rimbaud déclare :

"Je songe à une Guerre, de droit ou de force, de logique bien imprévue".

"De droit ou de force" ? - Cette Guerre est-elle légitime ? Mais Rimbaud n'a-t-il pas rejeté la morale, du moins sous la forme de "l'arbre du bien et du mal" et des "honnêtetés tyranniques" (Matinée d'ivresse) ? Ainsi que sous la forme que Baudelaire exprime dans V. Morale :"il est défendu à l'homme, etc. (...)" - Et qu'importe, pour un conquérant, qu'une Guerre n'ait pas le droit, mais seulement la force pour elle ?

Dans la phrase précédente, Rimbaud a dit qu'il subit "tous les succès civils". Ce genre de succès n'a rien d'enthousiasmant, il est au contraire pénible, pour un César qui rêve de succès militaires !

Cette Guerre à laquelle Rimbaud a songé, à une certaine période de sa vie, c'est la Guerre pour la conquête de l'inconnu. Et en effet, c'est une Guerre dans laquelle les horribles travailleurs peuvent mourir (lettre dite du voyant) ; c'est une Guerre où il faut savoir "donner sa vie tout entière tous les jours" (Matinée d'ivresse) ; une Guerre où il faut pouvoir surmonter les souffrances et les tortures (lettres dites du voyant, Matinée d'ivresse) ; une Guerre où l'on reçoit des blessures :

"Les desperadoes languissent après l'orage, l'ivresse et les blessures" (Dimanche

"Rouler aux blessures, par l'air lassant et la mer ; aux supplices, par le silence des eaux et de l'air meurtriers ; aux tortures qui rient, dans leur silence atrocement houleux." (Angoisse)

Mais c'est une Guerre exaltante, dans laquelle les voyants sont, selon une autre image,

"chassés dans l'extase harmonique

Et l'héroïsme de la découverte" (Mouvement).

La logique de cette Guerre est "bien imprévue". Qui en effet pouvait prévoir la logique qui, selon Rimbaud (à la période où il s'est voulu voyant), se trouve dans la recherche de "toutes les formes d'amour, de souffrance, de folie" (lettre dite du voyant)?

Rimbaud a finalement renoncé à cette Guerre, et il lui a préféré le "combat spirituel" (qui le conduit à renoncer à la religion chrétienne et à l'idal baudelairien), dont il est d'ailleurs sorti vainqueur (voir Jean Donat, Verlaine, la destruction de l'enfer...et Rimbaud !, paru dans notre numéro 150).

(...)

La Guerre pour la conquête de l'inconnu semble n'avoir jamais eu que deux "assassins", Rimbaud et Verlaine ; encore ce dernier a-t-il suivi son capitaine surtout comme amoureuse !

(Ce qui suit a été rajouté le 5 mars 2007)

Quels peuvent être "les succès civils" dont parle Rimbaud, sinon l'admiration de Verlaine ? Un premier succès militaire consisterait à entraîner ce dernier dans sa Guerre.

Les "affections énormes" semblent renvoyer aux amours monstrueuses ; l'enfance représente Eros (voir H), et elle est étrange parce qu'en l'occurrence, il s'agit d'un amour homosexuel. (...)

(...)

Maurice Hénaud

 

14:50 Publié dans Rimbaud | Lien permanent