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25/08/2006

Soir Historique de Rimbaud

De Rimbaud : des secrets pour changer la vie ? de Maurice Hénaud (article à paraître)

Soir historique (Maurice Hénaud a corrigé les extraits de cet article, le 26 février 2007, pour les rendre plus proches de la version complète, qui sera publiée dans un prochain numéro de notre revuette). (Maurice Hénaud a rajouté quelques paragraphes à cet article ou à ce brouillon d'article ou de chapitre, le lundi 28 août 2006). (Note complétée le 13 septembre 2006 : voir plus bas.) 

Ce que Rimbaud désigne, dans Mouvement, par "la nouveauté chimique" et "la fortune chimique personnelle" paraît assez clair, je suppose (voir nos extraits donnés ici de Rimbaud et la fortune chimique personnelle). Mais pourquoi, dans Soir historique, est-il question d'une "chimie sans valeur" ? Serait-ce parce que Rimbaud se présente maintenant comme un physicien ?

Dans Soir historique, Rimbaud critique notamment les poètes qui sont indifférents aux révolutions ou aux bouleversements sociaux :

"Pendant les guerres de l'empire

(...)

Sans prendre garde à l'ouragan

Qui fouettait mes vitres fermées,

Moi, j'ai fait Emaux et Camées."

Ce poème n'est pas de Verlaine (...) : c'est la Préface d'un recueil connu de Théophile Gautier.

Baudelaire, son disciple, lui fait écho :

"L'Emeute, tempêtant vainement à ma vitre,

Ne fera pas lever mon front de mon pupitre". (Paysage

Selon Rimbaud, il sera donné au contraire à "l'être sérieux" de "surveiller" le moment de la révolution et de la destruction.

Contrairement aux soirs que l'on peut trouver dans la poésie de Gautier, de Baudelaire, ou d'autres poètes, et de Rimbaud lui-même à une certaine période, le soir historique ne sera pas un effet de légende, "l'être sérieux" aura réellement regardé (par exemple) par la vitre ou par la fenêtre ouverte.

(...)

"En quelque soir que se trouve le touriste naïf", "la main d'un maître" (Dieu) "anime le clavecin des prés" (dans ces soirs de la poésie, il y a toujours Dieu!). (...). Cette hypothèse est fortifiée par le fait que Rimbaud écrit :"cet atmosphère personnel". L'explication sera donnée dans le chapitre tel que le publiera un de nos prochains numéros. 

Dans Soir historique, Rimbaud se présente, je l'ai dit, comme un physicien, et sans doute en partie au sens anglais, physician, médecin : il porte un diagnostic, et fait une constatation affligeante. ("Le plus élémentaire physicien (...)" etc.)

(...)

Pour éviter une récupération possible, remarquons que les "certitudes" des destructions et des exterminations conséquentes sont indiquées par la Bible et par les Nornes, de manière peu perverse, et non pas par une théorie socialiste quelconque, même distinguée!

"Retiré de nos horreurs économiques" : Rimbaud a-t-il horreur du monde marchand à la manière d'un militant ou d'un sympathisant ordinaire du socialisme  ? Ou bien les "horreurs économiques" représentent-elles aussi le monde du travail ? "J'ai horreur de tous les métiers" dit Rimbaud au début d'Une Saison en Enfer. Lui vit de "mendicité", c'est-à-dire de l'argent que Verlaine lui donne. C'est navrant, mais du moins la mendicité est-elle, selon lui, "honnête" : "l'honnêteté de la mendicité me navre" (même passage d'Une Saison en Enfer).

"Ce ne sera point un effet de légende" s'oppose-t-il vraiment à ce que disent la Bible et les Nornes ? Pourquoi alors indiquent-elles des "certitudes" ?

Ne serait-ce pas que les effets de légende sont ceux de tous les soirs de la poésie (aux "chromatismes légendaires")? Tous présentent la même "magie bourgeoise", tous sont des soirs de l'âme et de l'atmosphère personnel ("cet atmosphère personnel" sur le fac-similé). Le soir historique sera bien réel, à l'inverse, par exemple, d'Harmonie du Soir, de Baudelaire !

"L'être sérieux", physicien et médecin, aura la chance de pouvoir surveiller les derniers moments du vieux monde, et d'assister à son agonie, qui se terminera par la mort.

(...)

L'atmosphère personnel, autrement dit l'atmosphère poétique, est celle de l'âme. La connaissance du physicien et du médecin est relative au corps.

(...)

Qu'est-ce que, dans Soir historique, Rimbaud entend par "le plus élémentaire physicien" et la "brume de remords physiques" ? (...)

Ce qui a de la valeur, pour le physicien, c'est le métal : (...)

Les chimistes ont apparemment le tort de vaporiser le métal, et de le transformer en une "brume de remords physiques" (voir Au Lecteur, de Baudelaire)

Est-ce bien là, pour Rimbaud, ce que sait et comprend "le plus élémentaire physicien" ?

(...) Se soumettre à l'atmosphère personnel, ne serait-ce pas, pour le Rimbaud de Soir historique, renoncer à sa volonté propre ?

(...) La volonté est une substance, autrement dit un corps, dont la valeur est précieuse (voir Le Poëme du Haschisch, V. Morale), contrairement à la "chimie" qui est "sans valeur".

En critiquant, dans Soir historique, la "magie bourgeoise" qui se trouve "à tous les points où la malle nous déposera", (...), - Rimbaud dit "Non!" à "l'atmosphère personnel" qui berce et enchante les poètes, et garde intactes sa volonté et sa lucidité pour surveiller le moment où le vieux monde sera détruit.

(...)

"A sa vision esclave". Dans un article de 2003, repris dans son récent livre (Honoré Champion, Paris, 2004), Antoine Fongaro écrit :

"Il ne faut pas commettre la bévue de croire que le contenu de ce paragraphe ["A sa vision esclave", etc.] se réfère aux visions de Rimbaud, comme le fait S. Bernard : "[le monde] s'édifie illusoirement sous les yeux du voyant, mais n'a pas plus de réalité qu'une image privée de la troisième dimension. On voit avec quel mépris Rimbaud parle de ses visions !"

Pourtant, pour Rimbaud, le mot vision, en général, s'applique à la vision du poète (selon moi, Suzanne Bernard a donc vu en partie juste). Mais pourquoi cette vision est-elle esclave ? Fongaro a noté quelque part, je crois, que le mot "esclave" n'est pas très souvent employé par Rimbaud. La réponse ne se trouverait-elle pas dans l'oeuvre de Baudelaire ? Qu'est-ce que la vision esclave ?

"L'homme qui, s'étant livré longtemps à l'opium ou au haschisch [etc...] Les Anglais se servent fréquemment, à propos des mangeurs d'opium, de termes qui ne peuvent paraître excessifs qu'aux innocents à qui sont inconnues les horreurs de cette déchéance : enchained, fettered, enslaved ! [etc...]".["enchaîné, garroté, rendu esclave"]

Partiellement "innocent"(devenu moins naïf par la suite, voir, par exemple, DéliresII), donc, que ce "touriste naïf" ? Et les horreurs de l'esclavage par l'opium ne valent-elles pas les "horreurs économiques" ?

Fongaro note que Suzanne Bernard croit que le "touriste naïf" est Rimbaud. Il renvoie aussi à la note 6 de cette dernière, qui est intéressante : "Cette vision architecturale et raccourcie de l'histoire, avec l'allusion aux lunes et à un petit monde blême et plat doit peut-être quelque chose à un texte de Th. Gautier paru dans L'Artiste en mai 1872 et intitulé La Lune : "Un nouveau monde se révèle subitement... Quand on contemple l'astre en son plein, les reliefs s'applatissent."(...)" - (à voir ou à vérifier...)

Antoine Fongaro analyse savamment des allusions de Rimbaud aux événements géopolitiques, à propos des "déserts tartares" qui "s'éclairent", notamment. Mais le contenu de lectures d'articles de journaux ne peut-il pas être interprêté dans une vision ou une rêverie éventuellement influencée par l'opium ? Outre que le poète peut aussi, parfois, inventer certains événements (voir, au début d'Alchimie du Verbe : "Je rêvais croisades, voyages de découvertes, etc...")

"La même magie bourgeoise à tous les points où la malle nous déposera", autrement dit dans tous les lieux imaginaires (ou visités en imagination, comme les "déserts tartares" ou "le centre du Céleste Empire") où la poésie transporte l'âme. Si le touriste naïf (qui s'est cru un "voyageur") est en train de rêver, les points où la malle nous déposera ne représentent que des lieux imaginaires.

Selon Antoine Fongaro, la seconde phrase du troisième paragraphe '"Puis un ballet de mers et de nuits connues, etc...") n'envisage plus des problèmes géopolitiques. Mais pourquoi ce passage subit de l'analyse géopolitique à la poésie, si le poète n'est pas en train de rêver ?

(...)

Rajouté le 13 septembre 2006 :

"La même magie bourgeoise" : il ne s'agit pas uniquement de la poésie de Verlaine. Les Fleurs du Mal elles-mêmes sont dédiées

"Au poëte impeccable

Au parfait magicien ès lettres françaises" etc. (Théophile Gautier)

J'espère que le lecteur voudra bien excuser le caractère assez décousu de ces notes. La version définitive sera mieux composée et mieux écrite, nous l'espérons, sinon, quel pitoyable écrivain que ce Maurice Hénaud!

19:30 Publié dans Rimbaud | Lien permanent

Appareils. Notre grand concours.

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Le lauréat de ce concours gagnera un abonnement gratuit à La Petite Revue de l'Indiscipline (20 unités ou 5 numéros quadruples) ou davantage peut-être si la réponse semble le mériter.

Parmi les appareils qui peuvent être utiles au poète ou à l'écrivain, Baudelaire en mentionne un : "Hoffmann avait dressé un singulier baromètre psychologique destiné à lui représenter les différentes températures et les phénomènes atmosphériques de son âme" (Du Vin et du Haschisch, I). Pessoa, pour sa part, se servait de la "Balance de Minerve".

Connaissez-vous d'autres appareils de ce genre dans la littérature ? Pourriez-vous en inventer quelques-uns ? Ou proposer une liste d'appareils de ce genre ?

Envoyez vos réponses à notre adresse électronique :

christian.moncel@laposte.net

Si ça ne marche pas, essayer en haut à gauche de ce site.

Ne pas envoyer de pièces jointes. Possibilité de répondre à notre adresse postale :

Christian Moncel. La Petite Revue de l'Indiscipline. B.P. 124, - F42190 Charlieu

15:20 | Lien permanent

23/08/2006

Rimbaud, la foi au poison et le scepticisme

Tiré de Rimbaud : des secrets pour changer la vie ? (à paraître) de Maurice Hénaud :

Rimbaud, la foi au poison et l'atroce scepticisme

(...)

Dans la seconde de ses Vies, Rimbaud écrit, en rappelant son passé :

"(...) et quelques noces où ma forte tête m'empêcha de monter au diapason des camarades. Je ne regrette pas ma vieille part de gaîté divine." Rimbaud évoque là des réuinons haschischines, et il ne regrette pas le plaisir et la joie qu'elles lui ont procurés. "L'air sobre de cette aigre campagne, explique-t-il, alimente fort activement mon atroce scepticisme." Rimbaud n'a plus foi au poison. L'air sobre de l'aigre campagne est un aliment pour son scepticisme, de même que le poison, je suppose, était un aliment pour son ivresse. Le scepticisme de Rimbaud "ne peut désormais être mis en oeuvre", c'est-à-dire qu'il ne peut plus donner naissance à une oeuvre littéraire. Le poète est "dévoué à un trouble nouveau", il est amoureux (voir La Chanson de Gaspard Hauser, dans Cellulairement, reprise dans Sagesse).

Mais si, dans cet état amoureux, Rimbaud attend de "devenir un très méchant fou", quel est ce "quelque chose comme la clef de l'amour" qu'au début du poème, il prétend avoir trouvé ? N'est-ce pas le "très pur amour" de Matinée d'ivresse, à propos duquel Rimbaud s'écrie : "Ô mon Bien ! ô mon Beau !" ? - "Inventeur bien autrement méritant que tous ceux qui l'ont précédé", Rimbaud est un "musicien" qui, grâce au poison, a créé - à son usage et, ensuite, à celui de quelques lecteurs - la fanfare qui l'a fait sortir de "l'ancienne inharmonie", et qui l'a introduit au Pays de la Beauté.

Que penser de ce secret analogue à la clef de l'amour ? C'est une clef du Pays des Rêves, sans doute, mais, comme le dit Baudelaire, "rêver magnifiquement n'est pas un don accordé à tous les hommes". Ce secret de Rimbaud ne changera apparemment pas la vie !

(...)

(Précisons que ces extraits d'articles ne sont que des extraits de brouillons non encore parvenus à leur état de chapitres définitifs. Nous ferons mieux, de manière plus précise et plus élégante, dans le texte que nous publierons dans nos numéros).

22:05 Publié dans Rimbaud | Lien permanent