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27/10/2006

Sonnet, de Rimbaud

Sonnet, de Rimbaud (extrait d'un article de Jean Donat, à paraître)

(...)

Le Sonnet en prose de Rimbaud n'est que la seconde partie d'un poème qui en comporte quatre, mais dont il manque apparemment la première. Dimanche est écrit sur un papier d'un format différent, et les chiffres rajoutés près du titre (IV et I) ne sont apparemment pas dus à Rimbaud.

(...)

Et d'abord, quelle peut être la signification de ce titre : Sonnet ? (...)

Verlaine manifestait apparemment une véritable dévotion au sonnet, ainsi qu'à Laure et à Pétrarque.

Pour lui, le sonnet est, entre autres choses, un "Saint-Pierre-des-Vers" et un

"Dogme entier toujours debout sous l'exégèse" !

(A la louange de Laure et de Pétrarque, dans Jadis et Naguère)

(...)

Il faut donc peut-être comprendre ainsi le calembour final de Dévotion : "Mais plus à Laure". Et, dans Sonnet, Rimbaud raillerait encore un genre de dévotion poétique propre à Verlaine.

(...)

Quoi qu'il en soit, le "double événement d'invention et de succès" auquel Rimbaud fait allusion dans Sonnet prend place "en l'humanité fraternelle et discrète par l'univers sans images". Il n'y a pas d'images dans un bois noir, et Rimbaud semble renvoyer une fois encore au poème XVII de La Bonne Chanson :

"Isolés dans l'amour ainsi qu'en un bois noir".

Mais, dans le Sonnet de Rimbaud, il s'agit de Verlaine et de lui-même, et non plus de Verlaine et de Mathilde !

Qu'en est-il du jugement du monde ? Dans le poème de Verlaine :

"Quant au Monde, qu'il soit envers nous irascible

Ou doux, que nous feront ses gestes ? Il peut bien,

S'il veut, nous caresser ou nous prendre pour cible."

Ce "Monde" qui, dans le poème de Verlaine, pourra montrer à l'égard des deux amants une tendresse plus que fraternelle et quelque peu indiscrète (!), ou bien une hostilité déclarée, devient par contraste dans le Sonnet de Rimbaud "l'humanité fraternelle et discrète" :

"en l'humanité fraternelle et discrète par l'univers sans images".

(...)

Jean Donat    

 

11:35 Publié dans Rimbaud | Lien permanent

Rimbaud, déchiffreur et inventeur d'énigmes

Rimbaud, déchiffreur et inventeur d'énigmes (et Verlaine)

Voici ce qu'écrit Paul Van Melle dans le mensuel de poésie Inédit Nouveau, 11, av. Chant d'Oiseaux, B 1310 La Hulpe (Belgique) à propos de notre numéro 150

"(...) La Petite Revue de l'Indiscipline (...) Jean Donat étudie "Verlaine, la destruction de l'enfer... et Rimbaud !" Incroyable comparaison entre les diverses versions du poème de Verlaine "Crimen Amoris", et en particulier la copie qu'en fit Rimbaud. L'étude va beaucoup plus loin que l'analyse de texte et nous révèle les deux conceptions presque antagonistes que les deux poètes ont du monde. On sent si bien la faiblesse de Verlaine et la force incroyable de Rimbaud, capable de se redresser et de redevenir lui-même, intact, après les pires descentes aux enfers. Maurice Hénaud, lui, s'attache à un mythe rebattu : "Rimbaud : des secrets pour changer la vie ?" et en quatre parties, démontre le génie du poète à "déchiffrer les énigmes" et même "en inventer". (...)"

      Par ailleurs, à ce jour, au moins un érudit connu spécialiste de Rimbaud (communication personnelle à notre secrétaire, Christian Moncel) semble avoir fait sienne, dans l'ensemble, la conception de Jean Donat selon laquelle, dans la copie que Rimbaud a faite de Crimen Amoris (copie dont le texte est parfois très différent de celui des deux versions presque semblables données par Verlaine), certaines strophes et certains remaniements ne sont pas de Verlaine, mais bien de Rimbaud lui-même.  

11:15 Publié dans Rimbaud | Lien permanent

25/10/2006

Guerre, de Rimbaud, et conquête de l'inconnu

Extrait d'un chapitre à paraître de Maurice Hénaud (complété le 5 mars 2007):

Guerre : une Guerre pour la conquête de l'inconnu.

Dans Guerre, Rimbaud déclare :

"Je songe à une Guerre, de droit ou de force, de logique bien imprévue".

"De droit ou de force" ? - Cette Guerre est-elle légitime ? Mais Rimbaud n'a-t-il pas rejeté la morale, du moins sous la forme de "l'arbre du bien et du mal" et des "honnêtetés tyranniques" (Matinée d'ivresse) ? Ainsi que sous la forme que Baudelaire exprime dans V. Morale :"il est défendu à l'homme, etc. (...)" - Et qu'importe, pour un conquérant, qu'une Guerre n'ait pas le droit, mais seulement la force pour elle ?

Dans la phrase précédente, Rimbaud a dit qu'il subit "tous les succès civils". Ce genre de succès n'a rien d'enthousiasmant, il est au contraire pénible, pour un César qui rêve de succès militaires !

Cette Guerre à laquelle Rimbaud a songé, à une certaine période de sa vie, c'est la Guerre pour la conquête de l'inconnu. Et en effet, c'est une Guerre dans laquelle les horribles travailleurs peuvent mourir (lettre dite du voyant) ; c'est une Guerre où il faut savoir "donner sa vie tout entière tous les jours" (Matinée d'ivresse) ; une Guerre où il faut pouvoir surmonter les souffrances et les tortures (lettres dites du voyant, Matinée d'ivresse) ; une Guerre où l'on reçoit des blessures :

"Les desperadoes languissent après l'orage, l'ivresse et les blessures" (Dimanche

"Rouler aux blessures, par l'air lassant et la mer ; aux supplices, par le silence des eaux et de l'air meurtriers ; aux tortures qui rient, dans leur silence atrocement houleux." (Angoisse)

Mais c'est une Guerre exaltante, dans laquelle les voyants sont, selon une autre image,

"chassés dans l'extase harmonique

Et l'héroïsme de la découverte" (Mouvement).

La logique de cette Guerre est "bien imprévue". Qui en effet pouvait prévoir la logique qui, selon Rimbaud (à la période où il s'est voulu voyant), se trouve dans la recherche de "toutes les formes d'amour, de souffrance, de folie" (lettre dite du voyant)?

Rimbaud a finalement renoncé à cette Guerre, et il lui a préféré le "combat spirituel" (qui le conduit à renoncer à la religion chrétienne et à l'idal baudelairien), dont il est d'ailleurs sorti vainqueur (voir Jean Donat, Verlaine, la destruction de l'enfer...et Rimbaud !, paru dans notre numéro 150).

(...)

La Guerre pour la conquête de l'inconnu semble n'avoir jamais eu que deux "assassins", Rimbaud et Verlaine ; encore ce dernier a-t-il suivi son capitaine surtout comme amoureuse !

(Ce qui suit a été rajouté le 5 mars 2007)

Quels peuvent être "les succès civils" dont parle Rimbaud, sinon l'admiration de Verlaine ? Un premier succès militaire consisterait à entraîner ce dernier dans sa Guerre.

Les "affections énormes" semblent renvoyer aux amours monstrueuses ; l'enfance représente Eros (voir H), et elle est étrange parce qu'en l'occurrence, il s'agit d'un amour homosexuel. (...)

(...)

Maurice Hénaud

 

14:50 Publié dans Rimbaud | Lien permanent